Cher(e)s visiteurs, Bonjour,
Après quelques mois d’absence (contraintes professionnelles obligent), je reprends le cours de l’histoire de la ville de Bizerte. Par vos visites du site www.bizerteyahasra.com, vous étiez nombreux à manifester votre intérêt à la genèse de cette ville d’une part et à la richesse de son patrimoine d’autre part.
Un des lieux de la ville des plus pittoresques est sans doute le vieux port.

C’est un petit plan d’eau abritant des barques de pêche très colorées, serré entre les maisons cubiques de la médina dont l’accès du petit port était gardé par deux tours massives ; et le long de la passe s’élève encore le quadrilatère crénelé de la kasbah qui a succédé elle-même à la citadelle d’Hippo Zarytos ; la vieille colonie de Sidon (d’autres historiens diront de Tyr).
Aquarelle Françoise Besançon
Comment ne pas rêver d’histoire sur cette terre imprégnée du passé ? Là-bas, au large, ont vogué les trirèmes de Carthage et celles de Rome ; elles se sont abritées dans le vieux port, agrandi et fortifié par Agathocle. Comme s’y abritent encore les bâteaux légers des pêcheurs de Benzart.
Je vous invite à feuilleter son album photos.
Le vieux port de nos jours, visite guidée en vidéo.
Ce petit port est en danger actuellement. Il est menacé de disparition faute de sauvegarde. La menace viendrai de la création d’une marina moderne touristique, sans âme et sans originalité. voir photo
Les travaux du projet, de grande envergure, de la marina "Bizerte Cap 3000", devraient débuter au mois de septembre 2008. Pour l'instant rien n'a bougé.
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Ces travaux sont focalisés sur l’aménagement et l’agrandissement du port de plaisance de Bizerte qui sera équipé d’une marina pouvant accueillir plus d’un millier de yachts en provenance des rives nord et sud de la méditerranée certainement de bonne augure pour le tourisme de la région qui est de plus en plus qualifié de tourisme de transit.
En plus des travaux d’extension et d’aménagement du port, il est prévu dans le cadre du même projet la création d’un complexe immobilier d’environs 300 appartements, d’un hôtel, des espaces de commerce, de culture, et d’animation. » (Source www.tunisieaffaire.com).
Je pense, sans donner de leçons, que le patrimoine culturel de Bizerte doit être classer.
Aquarelles Olivia Rassass Grasshof
LE VIEUX PORT PAR SI RIDHA KEFI :
" Avec sa médina enserrée dans de hauts remparts, son petit port de pêche au charme désuet, son grand port commercial grouillant d’embarcations géantes, de machineries et de conteneurs, ses nouveaux quartiers à l’architecture européanisée et sa population industrieuse et appliquée, soucieuse de son petit confort quotidien, Bizerte ressemble à toutes les autres cités portuaires méditerranéennes.
Mais pour le Tunisois que je suis, cette ville a quelque chose de plus et qui la rend si proche de mon cœur : je veux parler de ces fissures sur ses vieux murs qui, telles des rides sur le visage d’une vieille dame, marquent les traces du temps qui passe, ces petites maisonnettes blanches aux portes et fenêtres peintes en bleu, ces petites barques badigeonnées de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, sagement amarrées aux quais, ces vieux pêcheurs aux dos courbés, qui n’en finissent pas de raccommoder les trames de leurs filets fatigués... Bref, ces images d’Epinal qui, dans le doux désordre des souvenirs, et des sentiments qu’ils font naître en nous, composent le livre d’une vie à nulle autre pareille.
De vieux pêcheurs viennent réparer leurs filets et préparer leurs barques pour la prochaine sortie en mer, souvent avant le crépuscule, quand le temps le permet, cela va de soi. Des adolescents, vêtus de jeans et baskets, montent dans des barques, portant des prénoms féminins (Zohra, Maryam, Beya, Arbia, Manana, Noura...). Entre deux blagues et deux éclats de rire, ils plongent leurs lignes dans les eaux sombres du bassin. Des femmes, la tête enveloppée de foulards multicolores, claquent les portes de leurs maisonnettes aux petits balcons encombrés de linges, traversent les quais dallés de fraîche date et équipés de jolies lampadaires, et vont faire leurs emplettes dans les échoppes voisines. Une odeur de bonne cuisine commence alors à flotter dans l’air, portée par la brise du soir, comme une invitation à des festins de fritures de poisson ou de crevettes sautés à l’ail. Il ne reste plus alors aux chats, qui jaillissent des petites ruelles avoisinantes, que de lécher leurs babines, en espérant pouvoir bientôt manger ce qui restera des repas.
Aquarelle Olivia Rassass Grasshof

Demain, au petit matin, les barques des pêcheurs retourneront au port, après une nuit passée en mer, les cales pleines de poissons de toutes espèces, sous le regard, avide et impatient, d’une foule de gens venus remplir leurs couffins.
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