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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 13:03

Archéologie :
Patère = vase, une patère antique est une sorte de soucoupe ou de vase de forme évasée, de plat, qui servait, dans l'antiquité lors des libations offertes aux dieux.


Au musée du Bardo, à Tunis, il existe un plat en argent ciselé datant, sans doute, du premier siècle de notre ère, faisant partie du patrimoine archéologique découvert à Bizerte et qu'on appelle " La patère de Bizerte.

patere-de-bizerte


"M. Gauckler, directeur du Service des antiquités de Tunisie, présente à l'Académie des photographies et un dessin d'un vase précieux , récemment découvert à Bizerte , dans les travaux de dragage dirigés par M. Gallut, ingénieur de la Compagnie du port. C'est une patère en argent massif, incrusté et plaqué d'or; elle est ovale, légèrement concave, et munie de deux oreilles plates. Sa longueur atteint ο m. 90 ; elle pèse 9 kilogrammes de métal fin.

 

patere-de-bizerte2

 

L'ornementation de la patère est très riche : le motif central, gravé sur incrustations d'or, représente la lutte d'Apollon et de Marsyas. Le satyre joue de la flûte double devant la Muse, arbitre du combat; autour de lui sont groupés, suivant leurs sympathies, ses partisans et ses adversaires : Apollon et Athena d'une part, de l'autre Cybèle, un satyre et le jeune berger Olympos. Le pourtour du plat est occupé par une frise en relief où se succèdent divers tableaux idylliques et champêtres, de style alexandrin. Sur les oreilles sont figurés, au milieu d'ornements accessoires, un sacrifice rustique à Dionysos et une scène bachique. Tous ces ornements, ciselés en plein métal, sont exécutés avec un art consommé.

 

patere-de-bizerte31

La patère de Bizerte est une œuvre hellénistique qui semble dater des premières années de notre ère. C'est la pièce d'orfèvrerie la plus précieuse qui ait encore été découverte en Afrique. M. Gauckler a réussi à en assurer la possession au Musée du Bardo, grâce au concours empressé des directeurs de la Compagnie du port, MM. Couvreur et Hersent, et de l'administrateur délégué à Bizerte, M. Odent, qui ont rendu en cette occasion un service éclatant à la science. "

 Voir la vidéo :link


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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 17:07

Cahier de classe N°38, La France Coloniale. (dans les années 1890)

 

En couverture, photo BIZERTE.-VUE PRISE DEVANT LA KASBA

H.ET Cie, PARIS

 

 

La Kasbah de Bizerte dancien+grand

 

Au dos, BIZERTE.

Nota : le texte suivant a été recopié fidèlement tel qu'il a été rédigé par son auteur.

 

    Bizerte ou Benzart, port de mer sur la côte septentrionale de la Tunisie, à 92 kilomètres de la Goulette par mer, à 65 kilomètres N.-N.-O. de Tunis par la route de terre, est une ville de 5 000 habitants, dont 1 000 Juifs et 5 à 600 Européens, située près du rivage, entre la mer et le lac de Bizerte; elle est bâtie partie sur une colline en pente douce, partie au pied de cette colline.

 

bizerte-en-1600.jpg

       

    Bizerte est le siège d'un cercle militaire et d'une justice de paix. Cette ville n'est autre que l'ancienne Hippo Dyarrhytus, fondée par les Tyriens, qui construisirent le canal encore existant à l'heure actuelle. Le port fut agrandi plus tard par Agathocle, qui ajouta de nouvelles fortifications à celles qui défendaient la ville. Hippo joua un rôle dans la guerre des Mercenaires; assiégée par Mâtho, elle fut obligée de se rendre. Maouïa-Ibn-Hodeij s'en empara en 661-662. Plus tard, des Maures chassés d'Espagne s'y réfugièrent et obtinrent la permission de bâtir un faubourg en dehors de la ville, sur le bord de la mer. Ce faubourg est le quartier actuel de Houmt-Andlès, sur la route qui mène au fort de Sidi-Salèm.  

     Bizerte a la forme d'un triangle dont la base est de 700 mètres et les deux autres côtés de 1 000 mètres environ. Son mur d'enceinte, pourvu d'un chemin de ronde dans sa partie supérieure, et défendu par plusieurs tours ou bastions, est percé de quatre portes.

     Deux canaux qui traversent la ville et font communiquer la mer avec le grand lac de Bizerte, la partagent en trois sections. La première est la plus populeuse, au N.-O., renferme l'habitation du commandant de place, avec les magasins et le casernement. Comme monuments, on y remarque une mosquée avec un beau minaret, et deux fontaines en marbre, dont l'une sur le quai du port et l'autre dans l'intérieur.

 

bizerte_pont_port_aqua.jpg

     Cette section communique par un pont de pierre de cinq arches et la porte de Tunis avec la seconde section ou quartier franc, la ville Européenne avec ses hôtelleries, la poste et le le télégraphe; une église, une synagogue et une mosquée sans grand caractère en sont les monuments religieux. La troisième section, ville arabe avec ses souks et sa kasba, est reliée à la seconde par un pont en bois.

 

bizerte_1900-le-vieux-bizerte_4.jpg

     Sept fontaines distribuent dans Bizerte l'eau provenant d'une source captée au djebel Mazlin, au N.-O. Les quais de Bizerte sont bordés de petites maisons, de boutiques et de nombreux débits de boissons.

     La kasba, au-dessus de la quelle se dresse le minaret de la Grande-Mosquée, est une petite ville dans la ville propremement dite, un vrai labyrinthe de ruelles étroites; elle a été appropriée au casernement de nos troupes.

    En face de la kasba est une autre forteresse appelée ksiba, petite kasba ou bordj-Sidi-Hani, parce qu'elle renferme un sanctuaire consacré à ce marabout. C'est de la que partait la chaîne qui fermait autrefois le port.

Au dessus de la kasba, au N., est le quartier des Andalous, occupé par 150 à 200 arabes vivants isolés de leurs congénères.

     Bizerte, qui est le point de passage forcé entre Gibraltar et l'Orient, peut devenir à peu de frais, avec son lac, un port de 1300 hectares, capable d'abriter les escadres de la Méditerranée, et au milieu du quel les cuirassés pourraient mouiller par 13 mètres d'eau.

     M.Playfair a vu pêcher à Bizerte, en deux jours, dix tonnes de poisson dans le lac salé, et cinq tonnes dans le lac d'eau douce. Tous ces poissons se vendent à Tunis.

     L'huile d'olive, les céréales, les fruits, surtout les raisins blancs renommés, alimentent encore le commerce de Bizerte.

     Une ligne de chemin de fer de Tunis à Bizerte, qui s'amorcera à Djedeïda sur la grande ligne de Tunis à la frontière algérienne, a été concédé à la Cie Bône-Guelma. Ce chemin aura une longueur d'environ 100 kilomètres et sera à peu près parallèle à la route carrossable par Mateur. Il desservira cette dernière ville, peuplée de 3 000 habitants. Mateur est, après Bizerte, la cité la plus importante du Mogod; c'est là que viennent s'approvisionner les tribus de cette région montagneuse.

     L'enceinte polygonal de Mateur est percée de trois portes; quelques-unes de ses maisons sont construites avec les matériaux de la ville qu'elle a remplacée: Materna ou oppidum Materense, d'après Shaw, et qui, sous les chrétiens, fut le siège d'un évêché. Des inscriptions relevées par M.V. Guérin aucune ne donne le nom de Matarense.

     Mateur, qu'entoure un territoire fertile et bien cultivé, est approvisionné en bestiaux, en laines et en grains. Le chemin de fer de Bizerte nécessitera de nombreux ouvrages d'art: 38 aqueducs, 15 ponceaux, 4 ponts de 4 à 8 mètres et un pont de 40 mètres, mais aucun tunnel.

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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 14:09

Histoire navale de la Tunisie durant la Course

 

 

Bizerte, repaire de Corsaires et de Pirates.

 

La_Kasbah_de_Bizerte_dancien-grand.jpegDurant les guerres de religion, les Turcs avaient la suprématie et le contrôle de la Méditerranée occidentale, et Bizerte était devenue une base importante pour eux. A mesure que la suprématie turque s'amincissait, la ville de Bizerte devint un repaire corsaire, ce qui signifie que les corsaires/pirates Turcs quittaient le port pour attaquer les navires et razzier les terres sous protection chrétienne.

Lorsque vous marchez sur les quais du port de Bizerte, vous pouvez imaginer qu’il y a de cela quelques centaines d’années, les Corsaires amenant leurs navires dans le port pour décharger leur butin de marchandises et d’esclaves.

  

  

course04.jpeg

  

   

 " Le bateau qui se trouve au premier plan est une galère. Le pouvoir turc envoie des corsaires montés sur des bateaux rapides. Quand ils aperçoivent un navire étranger, ils le prennent d'assaut, s'emparent des hommes et des marchandises. Les prisonniers sont ramenés en Afrique du Nord, ils sont vendus comme esclaves sur le marché."  voilà ce qu'on apprend à l'école, en Europe.   

En réalité,  "Il n'existe pas de peuples innocents et de peuples coupables, mais des hommes, tour à tour victimes et bourreaux."  Jean Isnard. 

 

 

bataille_navale_mr.jpeg

 

 Il est possible de distinguer quatre époques dans le développement de la Course pratiquée par les navires tunisiens.

De 1270 à 1516, une période pendant laquelle "Course", et "piraterie" sont difficilement dissociables en dépit de l'institution des Républiques autonomes des ports de Tunis et Bizerte. En effet, les Princes n'ont que peu d'autorité, et les Raïs sont libres de leurs ambitions.

De 1516 à 1590, une période, qui a parfois été qualifiée d'héroïque, durant laquelle ont agi les plus célèbres Raïs: Khereddine, Dragut, Orudj et Outch Ali. Ces corsaires ont souvent, à terre, des fonctions de gouverneurs . Ils détiennent l'autorité, et traitent avec les Grands du monde de l'époque, participant, ainsi au concert des relations internationales entre Européens et Arabes du XVI° siècle.

De 1590 à 1650, les Raïs retrouvent, avec l'affaiblissement du pouvoir ottoman en Tunisie, une plus grande indépendance. Ils conduisent, alors, leurs opérations dans le seul souci du profit, sans égard pour les traités officiels.

La dernière époque s'étend de 1650 à 1816 et voit la Course entièrement contrôlée par le pouvoir officiel.

Certes, quelques armateurs privés maintiennent une activité de commanditaires, mais celle-ci est sans commune mesure, du point de vue du nombre et de l'efficacité, avec celle de l'Etat. La fin du XVIII° siècle est particulièrement active.

Suite aux exigences européennes, 1816 marque la fin officielle de la Course. En fait, l'activité se maintiendra jusqu'en 1823, les derniers corsaires devant disparaître en 1843.   

 

LES CONDITIONS GENERALES DE LA COURSE :

La Course était organisée comme une gigantesque entreprise commerciale. Les corsaires attaquaient par petits groupes de 3 ou 4, le plus souvent en pleine mer. Ils relâchaient, ravitaillaient, et réparaient dans des criques discrètes. Ils acheminaient leurs butins et leurs esclaves vers les ports africains, pour les négocier. La Course était la principale richesse de ces provinces ottomanes. Elle avait le triple avantage de rapporter des marchandises, des esclaves et des navires.

Si les pachas avaient mis un terme à cet usage, le pays aurait été ruiné, la population affamée, les galères sans rameurs; quant aux Janissaires qui faisaient trembler les Pachas, ils se seraient sans aucun doute révoltés, ne pouvant plus être régulièrement soldés.

Seuls les capitaines-corsaires, les fameux Raïs, conscients que sur eux reposait la prospérité du pays, tenaient tête aux Janissaires.

Les palais des Raïs se paraient de faïences de Delft, de marbre d'Italie, de soieries de Lyon, de verreries de Bohême, de tapis d'Orient, de glaces de Venise, de pendules d'Angleterre.

En fait, la course était "Course" dans les époques, de pouvoir fort et "Piraterie" lorsque le prince était faible. Les habitudes, us et coutumes, ne changeaient guère pour les victimes de ces actions quel que soit le qualicatif qui pouvait leur être accordé.

Il importait peu au prince d'être en conflit avec les puissances européennes, et il y trouvait même plutôt avantage. L'espèce de guerre qu'il leur faisait alors lui rapportait infiniment plus que les conditions de paix auxquelles il était soumis.

De plus, les avantages et présents qu'il tirait des accords et traités signés successivement avec les différentes puissances européennes, étaient autant d'occasions d'améliorer les finances de l'Etat. Le Prince exerçait alors une sorte de chantage qui mettait les Occidentaux en compétition entre eux.

Enfin, s'il est possible de mettre en cause la réelle efficacité et la productivité des expéditions corsaires, il est indéniable que ces derniers surent créer un sentiment de terreur en Méditerranée qui, utilisé comme un instrument de dissuasion par les Princes des provinces barbaresques, leur permit de vendre chèrement la délivrance de patentes et de sauf-conduits aux états européens soucieux de préserver leurs intérêts commerciaux.

Les Raïs n'étaient tenus de respecter les navires des nations alliées que dans la mesure où le prince avait l'autorité suffisante pour pouvoir l'exiger.

Lorsque l'escadre du Bey allait en Course, les corsaires cherchaient, aussi souvent qu'il leur était possible, à aborder les territoires qui étaient considérés comme ennemis et à y enlever tout ce qu'ils trouvaient sur leur passage: denrées, marchandises, objets précieux, hommes, femmes , et enfants: tout était "bonne prise".

Quand ils rencontraient des bâtiments sous pavillon d'un pays qui n'avait pas conclu un accord de paix avec le gouvernement, ils l'attaquaient et le pillaient.

Le partage s'effectuait entre le capitaine et l'équipage. Les prises devaient être suffisamment fréquentes sous peine de voir le capitaine débarqué et écarté des commandements de navires, ce qui explique leur frénésie à trouver de bonnes prises y compris à terre. Le pillage de la terre les dédommageait des désappointements de la mer.

Lorsque les corsaires avaient fait quelques prises, ils signalaient l'événement dès leur arrivée devant La Goulette par une forte canonnade. Les captifs étaient ensuite indistinctement débarqués et conduits devant le Bey.

 
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LES PRISES HUMAINES :

Si le sort des femmes et des jeunes garçons captifs étaient particulièrement tragiques, car les uns et les autres servaient à assouvir les besoins sexuels, voire les passions de leurs maîtres, il faut reconnaître que dans l'ensemble, les captifs étaient bien traités; non seulement ils représentaient un capital, mais de plus la loi islamique prescrivait aux maîtres la patience, la justice et la bonté envers celui qui lui était soumis. Même les galériens étaient mieux traités que les "Turcs" des chiourmes du Roi de France: on ne les marquait pas aux fers rouges, et on les laissaient pratiquer leur religion.

Normalement, les capitaines des navires capturés, les prêtres, les médecins, et quelques autres passagers de marque étaient traités avec un peu plus d'indulgence que les laboureurs, les artisans, et autres gens du commun, qui étaient envoyés à la Manouba, ou aux travaux publics.

Ces derniers étaient couramment maltraités par leurs gardiens qui prélevaient même une partie des modestes sommes que le Bey accordait à chaque esclave. La mortalité était élevée.

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LES TECHNIQUES CORSAIRES :

Les navires employés étaient, généralement des galères dont les dimensions pouvaient atteindre 55 mètres de long, et 5 mètres de large. Les déplacements hors combats se faisaient à la voile. Lors des affrontements, la propulsion était assurée par des rameurs, un par rame, ce qui procurait une grande souplesse et beaucoup de manoeuvrabilité.
En avant de la proue, un éperon en bronze était destiné à endommager les bâtiments adverses, et à les immobiliser pour permettre l'abordage. Ces navires corsaires n'étaient pas fortement armés car l'accroissement du nombre des canons les aurait alourdi et aurait donc, réduit leur vitesse.
Les types les plus connus étaient les goélettes, les felouchs et les chébecs. Les équipages étaient rappelés à bord par une flamme verte hissée au mât principal. Chaque homme embarquait avec son mousquet, son cimeterre et son couteau long. Le marin pouvait également emporter quelques vivres et une couverture.
La chiourme était composée d'esclaves, jusqu'à 200 par galère, enchaînés à leurs bancs, et généralement nus. Ils travaillaient de dix à vingt heures par jours, à la cadence rythmée par un chef de chiourme.

 

8 Vidéos  



LA CONSTRUCTION NAVALE :

Les flottes corsaires manquaient de bois pour la construction, la réparation ou l'armement des navires. Celui-ci venait de Turquie ou d'Europe. Les prises à la mer étaient toujours l'occasion de récupérer sur l'ennemi les matériaux qui faisaient défaut en Tunisie. Les bateaux eux-mêmes étaient parfois réarmés au profit des Raïs. L'approvisionnement en cordages, voiles, armes et munitions posaient un problème très similaire, et chaque Raïs constituait des lots de rechanges qu'il conservait dans un magasin, et qu'il renouvelait à partir de ses prises à la mer.

 

annexe1

  

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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 16:33

3- Période Espagnole.

 

Un des derniers princes hafsides accorda un port de refuge à un forban de génie, Baba-Aroudj (Barberousse), et à son frère Khaîr-eddin, tous deux d'origines turque (l'origine est controversée mais combattent sous la souveraineté turque). Ces deux aventuriers épouvantèrent la Méditerranée par leurs piraterie et réussirent à conquérir l'Algérie; Baba-Aroudj fut tué dans la campagne. Khaïr-eddin mit sa nouvelle conquête sous la protection de la Porte* : le sultan des Turcs, Sélim Ier, accepta sa vassalité et lui donna le titre de "Pacha" .  

 

*--Sublime Porte est le nom de la porte d'honneur monumentale du grand vizirat à Constantinople, siège du gouvernement du sultan de l'Empire ottoman. Ce terme était donc souvent utilisé en langage diplomatique dans les chancelleries européennes pour désigner l'Empire turc ou la ville de Constantinople, gardienne des détroits.

 Istanbul, La Porte Sublime


Le souverain hafside Réchid, dépossédé par son frère Moulaï Hassan, se réfugia à Alger, auprés de Khaïr-eddin, qui l'emmena ensuite à Constantinople, lorsqu'il fut nommé par le Sultan, chef suprême de la flotte ottomane. Sur les prière de Réchid, le Sultan permit à son amiral de tenter un coup de main sur Tunis : une flotte de 80 galères et de 8 000 soldats mit à la voile en juin 1534 et arriva le 10 juillet devant Bizerte: après pourparlers, la ville accueillit favorablement les Turcs et leur donna des ravitaillements. C'est de Bizerte que Kaïr-eddin fit partir pour la Goulette sa division navale d'avant-garde, et qu'il fit ensuite voile lui même, le 13 août, laissant dans la ville une solide garnison. En quelques jours la Tunisie fut conquise par les Turcs, qui ne rencontrent aucune résistance sérieuse.

 

Le Khalif vaincu, Moulaï-Hassan, chassé de sa capitale, se réfugia alors près de l'empereur Charles -Quint, sollicita son appui et l'obtint. Le grand empereur qui, depuis longtemps, suivait avec inquiétudeles progrès des corsaires turcs en Méditerranée, saisit avec empressement cette occasion d'intervenir. Parti de Barcelone avec une puissante escadre ( mai 1535), il entra le 18 juillet à Tunis qu'il livrera au pillage; et, en échange d'un traité qui le rendait vassal de l'empire, Moulaï-Hassan fut replacé sur le trône des Hafsides.

 

CharlesQuintTunis.jpeg

 

Pour assurer l'exécution de ce traité quelques villes furent occupées militairement par les espagnoles : Bizerte reçut une garnison d'impériauxqui entreprirent d'importants ouvrages de défense : le for t"d'Espagne" fut bâti sur une hauteur qui domine la ville au nord-ouest; et, sur les ruines d'un château romain (ou Byzantin), élevé à l'entrée du port, les Espagnols construisirent une grande forteresse, qui forme la kasba actuelle. Mais les Espagnols détruisirent les remparts de Bizerte pour la punir de son esprit d'indépendance et de sa mauvaise volonté quelle avait montrée à recevoir les Impériaux.

 Les-espagnols-entrent-dans-Bizerte.jpg

 

Cette restauration des Hafsides fut éphémère. A peine Charles-Quint avait-il quitté la Tunisie pour rentrer en Sicile, que Moulaï-Hassan fut détrôné, jeté dans un cachot et mutilé. C'est en vain que Don Juan de Véga, vice-roi de Sicile, et Don Juan d'Autriche, le frère de l'empereur Philippe II, tentèrent en 1551 et 1572 de raffermir la domination espagnole dans le pays.

 

L'armée turque de Sinane-Pacha aborda en Tunisie en juillet 1573, et en quelques jours prit d'assaut toutes les forteresses occupées par les Espagnols, qui furent faits prisonniers de Guerre et envoyés à Constantinople.

 

4- Période turque à suivre...

 

 A propos des Frères Barberousse, Baba-Aroudj et Khaïr-Eddin.

 

Les frères Barberousse. - C'est généralement sous cette appellation que les historiens européens désignent deux célèbres corsaires dont les véritables noms étaient Aroudj et Khaïr-ad-dîn et qui fondèrent dans le nord de l'Afrique la principauté de la Régence d'Alger (voir  Histoire de l'Algérie)*.  En fondant cet État, les frères Barberousse n'ont songé qu'à créer une solide base d'opérations pour la lutte engagée à cette époque entre la Turquiemusulmane et l'Europe chrétienne. Ils n'ont eu aucun souci du bien-être ou de l'amélioration du sort des populations indigènes au milieu desquelles ils s étaient établis. Toute leur attention se concentra sur les moyens d'augmenter le nombre de leurs corsaires et de s'assurer la paisible possession de leurs prises. Ils ne firent qu'un immense repaire de brigands de tous ces riches pays que la France colonisera quelque temps et ce n'est que grâce à la rivalité jalouse des puissances européennes que leur oeuvre a duré un peu plus de trois siècles. Un troisième frère d'Aroudj, Ishaq, prit une faible part à la fondation de la Régence d'Alger; nommé roi de Ténès avec résidence à El Kalaâ, il fut traîtreusement assassiné en 1518 au moment où il sortait de la capitale qu'il venait de livrer par suite d'une capitulation à l'armée espagnole commandée par Dom Martin d'Argote qui avait amené avec lui les contingents arabes restés fidèles à Abou Hammou, roi de Tlemcen

Barberousse-Freres.jpeg

Aroudj.
Né à Mola, dans l'île de Mételin, vers 1473, Aroudj (le Barbarossa Horucdes chroniqueurs) était le fils d'un pauvre potier, chrétien, suivant les récits des auteurs européens, musulman, selon les traditions rapportées par les annalistes orientaux. Embarqué à l'âge de vingt ans sur un navire turc qui faisait la course, le jeune Aroudj ne tarda pas à se distinguer au milieu de ses compagnons d'armes par une rare énergie et une très vive intelligence. Capturé par les chrétiens et emmené prisonnier dans l'île de Rhodes, il ne tarda pas à s'échapper des mains de ses vainqueurs et courut aussitôt reprendre la vie d'écumeur de mer. Grâce au renom que lui avaient déjà valu ses premiers exploits, Aroudj obtint bientôt le commandement de deux galiotes et assisté de ses deux frères, Khaïr-ad-dîn et Ishaq, il se rendit sur les côtes de Tunisie(1505) où, fort de l'appui du souverain de Tunisqui l'autorisa à déposer le produit de ses prises d'abord à l'île de Djerba, puis à la Goulette, il ravagea les côtes de la Sicile et de la Calabreet étendit peu à peu ses incursions sur tout le littoral de la Méditerranée dans la partie de cette mer qui est fermée à l'Est par la péninsule italique.

Ces premiers succès enhardirent le célèbre corsaire qui songea, dès ce moment, à se créer un véritable royaume indépendant. Aussi, dans l'espoir de trouver une occasion favorable à l'exécution de son dessein, céda-t-il volontiers aux sollicitations des petits princes algériens qui lui demandèrent assistance pour chasser les Espagnols qui, possédant déjà quelques points de la côte, menaçaient de s'emparer de tout le littoral algérien. Une première entreprise dirigée contre Bougie(Béjaïa), alors au pouvoir des Espagnols, ne fut pas heureuse; grièvement blessé au bras pendant le siège de cette place, Aroudj, après une douloureuse amputation, dut rentrer à Tunispour y soigner sa blessure et laisser à son frère Khaïr-ad-din le soin d'inquiéter les chrétiens et de les bloquer par d'incessantes croisières. C'est pendant qu'Aroudj était ainsi condamné à l'inaction que l'amiral André Doria débarqua à la Goulette et détruisit, malgré les efforts de Khaïr-ad-dîn, tous les navires des deux corsaires qui s'étaient réfugiés sur ce point. Une nouvelle flotte construite à Djerba permit cependant à Aroudj et à Khaïr-ad-dîn de recommencer bientôt leurs courses aventureuses. Ils cherchèrent, mais en vain, à tirer vengeance de l'échec qu'ils avaient subi devant Bougie (Béjaïa) : leur seconde expédition contre cette ville fut aussi infructueuse que l'avait été la première. 

Vivement affecté par cet insuccès et sentant bien que tout avenir était perdu pour lui s'il n'avait pas comme base de ses opérations un port lui appartenant, Aroudj dirigea tous ses efforts contre la petite ville de Djidjelli qu'il réussit à enlever aux Génois (1514). Cette ville devint alors le centre de ses opérations et tandis qu'il faisait en personne la conquête du royaume de Kouko, ses navires écumaient la mer et ramenaient incessamment de riches captures dans le port de Djidjelli. Enrichi par ces dépouilles, les deux corsaires virent accourir de tous côtés des aventuriers qui se rangèrent sous leur bannière et bientôt leur renom fut tel que les musulmans algériens songèrent de nouveau à s'adresser à eux pour chasser les chrétiens du territoire algérien. Les Espagnols, dans le but d'empêcher le développement de la piraterie dans ces parages, avaient bâti la forteresse de Peñon sur un des flots qui commandent le port d'Alger; Selim ben Toumi, prince d'Alger, désespérant de pouvoir, avec ses seules forces, venir à bout de se débarrasser de ce gênant voisinage, s'adressa aux frères Barberousse qui accoururent aussitôt. Tandis que Khaïr-ad-dîn conduisait une puissante flotte devant Alger, Aroudj entraînant avec lui une nombreuse armée de Kabyles, longeait le littoral et, dépassant Alger, allait s'emparer de Cherchelloccupée, à ce moment, par un corsaire nommé Kara-Hassan qui aurait pu devenir un compétiteur redoutable. 

Débarrassé de ce rival, Aroudj revint sur ses pas, entra dans Alger et fit aussitôt dresser une batterie contre le Peñon. Mais soit qu'il manquât du matériel nécessaire, soit que, par une telle démonstration, il eût songé seulement à masquer ses desseins, il arrêta brusquement ses opérations, puis, renonçant à continuer plus longtemps la comédie qu'il avait jouée jusque-là, il assassina Selim ben Toumi dans son bain et se fit proclamer souverain d'Alger. La population algérienne  irritée de cette trahison s'unit aux chrétiens et décida de mettre à mort l'usurpateur : informé à temps du complot dirigé contre lui, Aroudj échappa au danger et fit périr dans les plus cruels supplices les principaux conjurés. A peine avait-il échappé à ce péril qu'il se vit de nouveau menacé par l'arrivée d'une escadre espagnole qui avait pour mission de chasser Aroudj d'Algeret de remettre cette ville au pouvoir d'un fils de Selim ben Toumi.

Les mauvaises dispositions prises par l'amiral espagnol Diego de Vera, bien plus que la violente tempête qui surgit peu après l'arrivée de le flotte, assurèrent un facile triomphe à Aroudj qui put, dès lors, considérer le succès de son oeuvre comme définitivement assuré. Cependant le roi de Ténès, Maulay Abou Abdallah, qui redoutait le sort de Selim, essaya d'enlever Algeraux frères Barberousse; prenant l'offensive, il marcha sur Alger, mais il fut complètement défait et Aroudj l'obligea à abandonner Ténès et entra dans cette ville sans coup férir. Là il reçut une députation des habitants de Tlemcen venant demander qu'on les délivrât de l'usurpateur Abou Zeyyan qui avait enlevé à son neveu Abou Hammon le trône de Tlemcen. Aroudj accepta avec joie cette occasion d'étendre son nouvel empire; il se mit immédiatement en marche et, laissant dans la petite ville de Kalaâ son frère Ishaq avec une forte garnison dans le but d'assurer sa retraite encas de désastre, il vainquit Abou Zeyyan qui s'était porté à sa rencontre, et entra dans Tlemcen où il voulut s'établir en maître. Mais il ne tarda pas à être assiégé dans cette ville par le marquis de Comares, gouverneur d'Oran, qui venait dans le but de rendre le trône de Tlemcen au neveu d'Abou Zeyyan, Abou Hammou. Serré de près par les assiégeants, manquant de vivres, Aroudj essaya en vain d'atteindre Oudjda où il espérait trouver des renforts qu'il attendait de l'empereur du Maroc, mais arrivé au Rio Salado il fut rejoint par les troupes espagnoles et périt les armes à la main (1548) après une courte lutte.

 

Khaïr-ad-dîn.
Khaïr-ad-dîn ou Khizr (Barbarossa Docheraddin) était à Algerau moment où il apprit la mort de son frère aîné Aroudj. Il n'éprouva aucune difficulté à se faire reconnaître comme chef du nouvel État fondé par son frère qu'il avait toujours secondé avec habileté et dévouement, mais, craignant qu'à la suite de leur récente victoire, les chrétiens enhardis n'entreprissent aussitôt une nouvelle expédition contre Alger, il s'adressa au sultan d'Istanbul, lui demandant protection et promettant en retour de lui payer tribut. Selim Ier (Le Siècle de Soliman) accepta l'hommage qui lui était fait du nouvel État d'Alger; il accorda aux janissaires de cette ville les droits et privilèges que possédaient les janissairesde la Porte et envoya à son nouveau vassal une armée de 2000 Turcs. Grâce à cet appui et au concours qu'il sut se faire prêter par les indigènes algériens, Khaïr-ad-dîn, rassuré contre les dangers d'une attaque chrétienne, employa tous ses efforts à donner une vive impulsion au développement de la piraterie. L'échec que subit la flotte espagnole commandée par Hugo de Moncade, qui échoua misérablement dans son expédition contre Alger en 1520, donna un nouvel élan à l'audace des corsaires qui bientôt ne connut plus de bornes. Khaïr-ad-dîns'empara ensuite de Collo, Constantineet Bône(Annaba) et ayant alors étendu son autorité sur la majeure partie du littoral algérien, il consacra tous ses soins à l'administration de ses États et organisa de grandes expéditions maritimes. 

 

En 1529, il s'empara, près des Baléares, de toute une escadre espagnole à la tête de laquelle se trouvait l'amiral Portundo; l'année suivante, il emporta d'assaut le Peñon d'Algerqu'il fit complètement raser et se servit des matériaux provenant de cette démolition pour construire la jetée qui relie encore aujourd'hui l'îlot de Peñonà la terre ferme. En 1531, l'amiral Andrea Doria attaqua Cherchellet essaya de détruire les travaux que Khaïr-ad-dîn faisait exécuter dans ce port. Tout d'abord l'expédition génoise avait réussi à débarquer ses troupes, mais celles-ci n'ayant pas obéi immédiatement à l'ordre que l'amiral leur avait donné de remonter à bord, la plupart des soldats furent massacrés par les Turcs et c'est à peine si quelques chrétiens purent regagner leurs navires. En 1532, Khaï-ad-dîn fit la conquête de la Tunisie. Mécontent de leur souverain, Manlay Hassan, les Tunisiens demandèrent au corsaire algérien d'étendre son autorité sur leur pays. Jugeant qu'il ne pourrait à lui seul mener à bien une telle entreprise, Khaïr-ad-dîn s'adressa au sultan Soliman Ier qui lui envoya une armée de 8000 Turcs. Laissant alors Alger sous la garde de Hassan Aga, il partit au-devant des troupes qui lui étaient envoyées par le sultan, débarqua sans résistance à la Goulette et entra à Tunissans coup férir (1554). Toutes les principales villes de Tunisie envoyèrent des députations saluer Khaïr-ad-din et reconnaître son autorité, mais il ne tarda pas à être obligé d'abandonner sa nouvelle conquête. 

Sollicité par Maulay. Hassan, l'ex-souverain de Tunis, Charles-Quintvint chasser Khaïr-ad-dîn(1535) qui dut se retirer à Bône ou il avait à l'avance envoyé ses navires. Pendant que les chrétiens rassurés par les succès de Charles-Quint étaient sans défiance, Khaïr-ad-dîn, à la tête de sa flotte, fit voile sur Minorque, débarqua à Port-Mahon (Minorque), s'empara de cette ville où il fit un butin considérable, puis il regagna Algersans être inquiété dans sa marche. Après quelques jours de repos, il se rendit à Istanbul pour, demander au sultan une nouvelle armée qui lui permit de reprendre Tunisqu'il n'avait pu conserver faute de forces suffisantes, mais le sultan, qui appréciait à sa juste valeur les hautes qualités de marin de Khaïr-ad-dîn, préféra garder auprès de lui un aussi vaillant homme de mer et le nomma grand amiral de ses flottes (1536). Aussitôt installé dans ses nouvelles fonctions, Khaïr-ad-dîn se hâta de réorganiser l'armée navale du sultan, puis il prit part à la guerre qui avait éclaté entre les Turcs et les Vénitiens (1531), s'empara de Castia dans la province d'Otrante et rejoignit ensuite le sultan Soliman. L'année suivante, il rencontra la flotte d'Andrea Doria près de la Prévéza, mais l'amiral génois battit en retraite sans vouloir engager le combat avec son célèbre rival. Les succès de Khaïr-ad-dîn qui, en 1539, s'empara de Castelnovo en Dalmatie et de Cattaro (Kotor), qui appartenaient aux Vénitiens contraignirent ceux-ci à demander la paix. 

Après quelques années d'un repos glorieusement acheté, Khaïr-ad-dîn reprit la mer en 1543 pour aller assister François ler dans sa lutte contre Charles-Quint; il saccagea les côtes de la Calabre, prit Gaète dans le royaume de Naples et vint ensuite mouiller à Villefranche; il s'empara de cette dernière ville et alla mettre le siège devant Nice, mais il fut contraint de lever le siège de cette place qui fut ravitaillée par une forte armée d'infanterie espagnole dirigée par le marquis de Guast. Il conduisit alors sa flotte à Toulon où il resta jusqu'à la conclusion de la paix entre François Ieret Charles-Quint (1544). En retournant à Istanbul, Khaïr-ad-dîn ravagea l'île d'Elbe, les États de Sienne et les îles d'Ischia, Procida et Lipari. Ce fut sa dernière expédition. Rentré à Istanbul, il y vécut dans le luxe et mourut en 1556, âgé d'environ soixante-six ans. Son corps fut déposé dans un magnifique mausolée voisin d'une grande mosquée qu'il avait fait construire à ses frais à Buyukdéré. (Houdas).

 

*Histoire de la régence d'Alger.

 

 

Pour approfondir et enrechir vos connaissances, je vous invite à consulter le Blog de Hafedh Hamza : http://metlinetun.multiply.com/journal/item/13/13

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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 21:10

En lisant l’article « La Vocation Géographique de Bizerte », une amie Bizertine –Mouna Kbaier- nous apporte de quoi enrichir notre documentation et ainsi approfondir nos connaissances quant à la Vocation Exceptionnelle de Bizerte.

 

medium_carte_bizerte.jpg

 


Extrait du « Pouvoir urbain et paysannerie en Tunisie » de Hafedh Sethom


« CHAPITRE I : L’emprise foncière des citadins sur les campagnes

 

1) Types simples d’emprise foncière des citadins :

 

Nous étudierons dans ces types simples les cas d’emprise très réduite, ou en perte de vitesse très rapide, et nous terminerons par un cas de main mise presque totale et stable depuis très longtemps.

 

L’emprise foncière très réduites des bizertins sur leur arrière-pays.

 

Bien qu’il n’existe aucune étude détaillée sur ce sujet, tous les documents disponibles montrent que les bizertins n’exercent aucune emprise notable sur leur campagne. Au XIX siècle, la riche région agricole de Mateur était dominée par les tunisois et non par les bizertins. Les terres des villages situés à l’est de Bizerte, appelés parfois « Sahel de Bizerte », échappaient complètement à l’emprise des bizertins et appartenaient presque exclusivement aux villageois. Les terres agricoles de la zone péri-urbaine bizertine étaient certes possédées par les habitants de la ville, mais n’ont jamais été très prospères. Ainsi la région de Bizerte était en grande partie dominée par les tunisois et regardait vers le marché de consommation de la capitale. L’installation du protectorat français en Tunisie n’a pas modifié cet état des choses, bien au contraire. La main mise des colons sur une partie des propriétés tunisoises du Mateurois n’a pas eu d’effet direct sur les bizertins. Mais l’installation d’un port militaire à Bizerte et d’un arsenal à Ferryville a bloqué complètement la situation : elle a coupé Bizerte de son arrière-pays, et orienté l’activité des populations vers des travaux en rapport direct ou indirect avec l’arsenal, l’armée et la marine française. Désormais, la population de Bizerte est au service du rôle stratégique et militaire de son port, et tourne le dos à son arrière-pays rural. Bizerte n’a aucun rayonnement sur sa région, en dehors de son rôle administratif ; il est en effet le siège d’un caïdat et d’un contrôle civil. Ces conditions particulières n’ont évidemment pas permis le développement d’une bourgeoisie bizertine, si l’on excepte les petits commerçants et les fonctionnaires.

 

21-02-08.jpgC’est pourquoi la liquidation des habous des tunisois dans le Mateurois et la vente de quelques fermes coloniales après l’indépendance, n’ont guère intéressé les bizertins. Ces derniers n’ont pas profité de l’occasion qui leur est donnée : ils n’avaient ni les moyens financiers d’acheter ces vastes exploitations, ni l’expérience agricole pour les gérer et les mettre en valeur. La campagne du gouvernorat de Bizerte resta tournée vers Tunis et sous l’emprise des Tunisois. La liquidation des habous et la vente de certaines terres coloniales profitèrent surtout à de riches tunisois.

 

Bizerte continue donc de tourner le dos à sa campagne, et n’exerce aucune tutelle sur sa campagne. Même la commercialisation des produits agricoles est entre les mains de commerçants tunisois, et est orientée en grande partie vers le marché de gros de Tunis. »

L’auteur n’a fait que décrire la situation et a rapporté l’état des faits, mais pour aller très loin et comprendre le pourquoi des choses (l’occupation française n’est pas la seule incriminée dans ce repli d’une ville comme Bizerte) il faut remonter beaucoup plus loin dans le temps (Bizerte a toujours regardé vers la mer : pêche et surtout course et piraterie étaient les activités principales d’une population qui n’a pas su diversifier ses sources pour mieux se développer). L’histoire n’a pas était tendre avec

ce petit coin de paradis convoité et malmené depuis Agathocle jusqu’au Bourguibisme.

 

PS : Dans le cadre de l’union pour la méditerranée UPM, un plan d’action est approuvé depuis 2008 dont le plus important des six volets est celui des « autoroutes de la mer ». Le transport étant considéré comme un puissant facteur d’intégration économique. Malheureusement les projets pilotes menés dans ce cadre comme le Méda-Mos ont sélectionné 4 ports : en Tunisie, au Maroc, en Algérie et en Israël, pour la Tunisie le port retenu est celui de Radés. Le port de Bizerte pourtant proposé au début ( appuyé par des français bien évidemment) a été écarté pour des raisons un peu ambigües, mais certainement à cause de la Marina. La volonté politique voit en Bizerte un avenir touristique et pas économique et commerçant.

 

Pouvoir urbain et paysannerie en Tunisie

 

 HAFEDH SETHOM, février 1992, PUBLICATION DE CERES,

 

Nos remerciements les plus chaleureux à Mouna Kbaier pour sa contribution à l'enrechissement de ce blog.  

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8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 10:28
La vocation géographique de Bizerte 

Article du Contre-amiral A.LEPOTIER

  

 

 

Le « Tournant » Tunisien

   

Par le fait qu’elle demeure «  la plus grande surface de communication fournie par la nature », selon l’Amiral Mahan, la mer donne un immense intérêt aux territoires qui bordent les détroits ou les promontoires : c’est là, en effet, que se trouvent les points de convergence ou d’inflexion obligatoires des communications maritimes mondiales.

 

La position du « tournant «  tunisien tient sa valeur de ce  double caractère : il constitue, d’une part, le môle continental du détroit central de la Méditerranée –dit de Sicile (qui pourrait s’appeler plus justement détroit de Tunis, comme on dit détroit de Messine, de Gibraltar, de Douvres ou du Pas de Calais, etc.)- le plus large et le plus direct pour la navigation longitudinale dans cette mer ; et, d’autre part, c’est le promontoire le plus septentrional de toute l’Afrique, que cette même navigation doit obligatoirement doubler, au plus prés, pour allonger le moins possible son itinéraire vers l’est ou vert l’ouest : Le cap situé immédiatement à l’ouest de Bizerte atteint en effet, 37°20’ de latitude Nord, soit sensiblement celle de Séville, de Carthagène, de Catane et de Sparte.

  

Lorsqu’on montait à la station du Nador, qui domine ce cap, on pouvait voir se croiser et s’infléchir les routes de tous les navires empruntant la grande voie Gibraltar-Suez, et, notamment, de ces énormes pétroliers, aux superstructures blanches, qui transportaient les quelques deux cent mille tonnes de pétrole nécessaire, journellement, à l’Europe occidentale.

  

D’autre part, la cote tunisienne fait face non seulement à la Sicile, mais aussi à la Sardaigne, et, par conséquent à l’entrée la plus large de la mer Tyrrhénienne, qui mène directement à Naples. Enfin, elle comporte le plus important «  décrochement » Nord-Sud de toute la côte africaine méditerranéenne, puisqu’il atteint cinq cent kilomètres, et constitue une façade nord-africaine sur la Méditerranée orientale sensiblement symétrique de celle de la côte du Levant.

 

Tous ces impératifs géographiques ont conduit les hommes, depuis l’antiquité, à établir des bases commerciales et militaires aux environs de ce promontoire, que Carthage fit entrer dans l’Histoire. Il s’agit, aujourd’hui, de savoir si la configuration topographique et hydrographique locale se prête à l’établissement d’une grande base aéronavale moderne.

 

Un site Idéal.

 

Précisément, au sud-est du cap le plus septentrional de ce « tournant » tunisien, la nature offre un lac de 12 à 15 kilomètres de diamètre, d’une superficie de 120 kilomètres carrés, dont 109 kilomètres carrés par fonds supérieurs à 2,50 mètres; 95 kilomètres carrés par fonds d’au moins 5 mètres, et 25 kilomètres carrés comportant des profondeurs  de 10 à 12 mètres. Au Nord, ce lac est prolongé par un goulet, vers la mer, dans laquelle son trop plein s’écoulait naturellement par un émissaire peu profond. Il suffisait de creuser un canal navigable, prés de cet émissaire, pour permettre l’accès des navires à ce magnifique plan d’eau, merveilleusement abrité-le seul sur la cote africaine- équivalent aux plus beaux lagons des atolls du Pacifique, tels que Bikini, Eniwetok, Guam, etc.

 

 

 89122Plan Bizerte 1943

Cette opération fut décidée par le gouvernement français en 1892, et menée à bien en trois ans. Le 4 juin 1895, le croiseur cuirassé Suchet franchissait le canal et mouillait dans le goulet où était établie la base navale de la Pêcherie, tandis qu’un arsenal maritime était crée au fond du lac, à Sidi Abdallah-Ferryville, au point accostable le plus éloigné de la haute mer-pour éviter les bombardements navals. En même temps, la ville de Bizerte naissait sur les déblais rejetés à l’ouest du canal, à la manière d’un nouveau Port Saïd. Les quais du port de commerce furent établis sur le canal et dans son prolongement vers le goulet, en baie de Sébra.

 

On pouvait craindre que le lac, dont les profondeurs sont juste suffisantes pour les plus grands navires, soit peu à peu comblé par les alluvions des oueds qui l’alimentent. Par une attention toute particulière, la nature a pris des dispositions pour éviter un tel inconvénient : les deux oueds qui se jettent directement dans le lac : l’oued Guéniche, à l’est, et l’oued Hamia, à l’ouest, n’ont qu’un très faible débit ; par contre, les deux plus grands oueds de la région : l’oued Sedjnane et l’oued  Djoumine, dont les alluvions ont déjà créé la pleine de Mateur, se jettent dans le lac d’Ishkeul, d’une superficie de 9000 hectares. Ce dernier joue le rôle de bassin de décantation avant d’envoyer les eaux clarifiées au lac de Bizerte, par son déversoir de Tindja.

  

Un ensemble aérien, naval et souterrain.

 

Autour de ces deux lacs s’étendent les plaines de Guéniche, à l’est ; de Sidi Ahmed, à l’ouest ; et de Mateur, au sud – particulièrement propices à l’installation des plus vastes réseaux de pistes aériennes. Seule, celle de Sidi Ahmed est, jusqu’ici, utilisée à cette fin, et l’une de ses pistes a été portée à 2400 mètres de longueurs, en 1951.  

Dans le voisinage, il existe, en outre, des hauteurs rocheuses, propres à des installations souterraines, ouvrant de plain-pied avec ces plaines-aérodromes et ces plans d’eaux calmes et hydroplanables. Ce sont, d’une part, au nord-ouest de l’avant port, de la ville et du goulet, les collines de calcaire tertiaire, hautes de deux cent à deux cent cinquante mètres, d’El Euch Roumi, du Djebel Kébir, de Meslem et Rezala, distantes d’environ 4 kilomètres de l’avant port et des quais du goulet ; d’autre part, le véritable » Gibraltar terrestre » que constitue le massif du djebel Ishkeul, surgissant de la plaine de Mateur, au bord du lac de l’Ishkeul. Long de 6 kilomètres, large de 2 kilomètres et culminant à 510 mètres, il représente un volume de bonne roche, quadruple de celui de Gibraltar, à pic sur la plaine-aérodrome de Mateur, et à 10 kilomètres des quais de l’arsenal de Sidi-Abdallah, où peuvent accoster les plus gros pétroliers, cargos et transports d’avions.

  

Dés 1907, la marine a construit une route et une voie ferrée qui, partant de Bizerte, longent le goulet et les rives ouest et sud du lac, jusqu’à Ferryville et, de là rejoignent, à Mateur, la ligne et la route de Tunis, en passant près d’ Ishkeul.

 

Tout cet ensemble offre des possibilités géostratégiques incomparables à l’ère atomique, tant par l’imbrication aérienne, navale, terrestre et souterraine qu’il permet, que par les possibilités de déploiement, de dispersion, et de protection qu’il réunit dans une des principales positions clés du monde. Les possibilités offertes ainsi équivalent à quinze fois celles de Gibraltar, six fois celle de Mers el-Kebir, et deux fois celles Pearl Harbour- qu’il rappelle par la configuration de son lac et de son goulet.

  

Rôle économique.

 

Les travaux d’infrastructures accomplis depuis soixante ans à Bizerte, pour des raisons stratégiques, ont également concouru à la prospérité économique de la Tunisie : Bizerte est le seul port de commerce en eau profonde de la Tunisie, et le paquebot italien de 31000 tonnes Giulio Cesare a pu y accoster, en octobre 1951. Il assure, avec Bône, l’exportation des minerais de fer de l’Ouenza. C’est le siège de la société d’importation des houillères et agglomérés. Une usine de plomb est installée à Zarzouna, sur la rive Est du canal, est une cimenterie vient d’être créée en baie de Sebra.

 

En dehors des travaux normaux de réparation des navires de la flotte militaire, l’arsenal de Sidi-Abdallah est admirablement bien placé pour assurer les carénages des énormes pétroliers qui passent à vide devant Bizerte, au cours de leurs traversées vers le Moyen-Orient. Ils ont quitté leurs ports européens de déchargement depuis un temps suffisamment long pour permettre le « dégazage » à la mer des tanks vides, et peuvent, donc, entrer dans les basins de radoub, de plus en plus rares, susceptibles de les recevoir.

 

Or, de ce point de vue, l’arsenal du lac de Bizerte offre quatre bassins, dont l’un (de 253 mètres de long sur 36 de large au fond), capable de recevoir de cuirassé Richelieu, est à la mesure des pétroliers géants les plus récents. Deux autres bassins ont 198 mètres de long, ce qui suffit encore pour la très grande majorité de cette catégorie de navires.

  

Sur le plan « Atlantique », tant du point de vue stratégique que du point de vue logistique, les occidentaux ne devraient pas oublier que Bizerte est le complément indispensable est l’arrière de desserrement de Malte, comme Mers-el-Kébir-Oran est celui de Gibraltar.

 DSCF3672-copie-1.JPG

  

Depuis le départ de la France de Syrie, en 1946, c’est la seule base dont nous disposons prés de la façade orientale de l’Afrique du Nord. C’est, en outre, un sommet du triangle stratégique Toulon-Mers-el-Kébir- Bizerte, couvrant nos communications eurafricaines. C’est, enfin, notre avant poste nord-africain, face au gré de la Méditerranée centrale.

 

 

 

 

Contre Amiral LEPOTIER février 1957.

 

 

 

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3 octobre 2009 6 03 /10 /octobre /2009 11:55
2- Période Berbère

Le prince ziride  Ibn-Badis finit par secouer la suzeraineté des khalifes Fatimides en 1048. Pour se venger de son vassal révolté, le commandeur des croyants lança sur l’Ifriqia deux hordes arabes : les tribus des Hillal et des Soléim* qui ne vivaient que de brigandages, et qu’il avait dû jusqu’alors reléguer la haute Egypte. Les envahisseurs ravagèrent tout sur leur passage : ils emportèrent, pillèrent et détruisirent de nombreuses villes. En peu de temps les fertiles territoires de la Tunisie furent transformés en « terrains de parcourt » par les nomades hilaliens, qui y promenaient leurs tentes, en conservant le mépris du travail. De leur coté, les berbères ou Kabyles, conservant leur amour de la liberté et leurs habitudes laborieuses, se refugièrent dans les montagnes et dans les lieux retirés.

Enfin, la plupart des cités se proclamèrent indépendantes : Bizerte se livra à un aventurier arabe, appelé El Ouerd, qui essaya, sans succès, de mettre fin à l’anarchie (1062).

 

Heureusement, les Hillaliens n’ayant plus rien à piller, se divisèrent entre eux, ce qui permit aux Zirides de recouvrer peu à peu leur autorité : le prince Témîm réussit à conquérir successivement presque toutes les villes qui s’étaient émancipées. Mais, quelques années plus tard, les Normands de Roger de Sicile chassèrent les Zirides de la plupart des places de la Tunisie : Bizerte cependant leur résista courageusement et parvint à les éloigner.

 

Le dernier des Zirides, El Hassen, se refugia alors auprès du khalife Abd-el-Moumène, d’origine berbère et de secte « Almohade » (disciples de l’unité d’Allah), qui gouvernait le Maroc, l’Algérie et l’Espagne. Ce grand conquérant réunit une forte armée, et en moins d’un an il eu soumis la Tunisie (1159-60).Les arabes se soulevèrent bientôt : un prince arabe Ibn Ghania, relégué à Majorque par les Almohades, débarqua à Bougie (Bejaia en Algérie), appela les Hillaliens à son aide, et emporta de vive lutte la plupart des villes Tunisiennes : Bizerte fut prise d’assaut après un siège d’un mois (1202) ; l’usurpateur triomphant nomma partout des commandants de son choix, et leva de lourdes contributions de guerre. Bizerte du pays un tribut de un million de pièces d’or.

 

Mais les troupes almohades revinrent en Tunisie, battirent les arabes et les déportèrent en partie : pendant quelques années le pays put jouir d’une paix et d’une tranquillité depuis longtemps inconnues (1207).



 

 



En regangnant le Maroc en 1207, le khalife almohade confia à un de ses lieutenants, le berbère Abou-Mohammed-Ibn-Hafs, le commandement général de la régence. Un des fils de ce vice-roi, Abou Zakaria, se proclama indépendant à Tunis, en 1236, et fonda la dynastie Hafside.

 

C’est sous le fils et successeur d’Abou Zakaria qu’eut lieu la croisade de Saint Louis ; elle se termina le 21 septembre 1270 par un traité dans lequel, pour la première fois, la France se posa en protectrice des intérêts généraux de la chrétienté en orient.

 

Après le règne de l’illustre et glorieux El Mostancer, la dynastie hafside déclina rapidement : des guerres de pouvoir entre familles fragilisant la Tunisie, le pouvoir central n’est plus respecté, et la plupart des villes vivaient indépendantes : le Cheikh de Bizerte gouverna la ville en véritable roitelet, souvent en revolte contre le khalife, et toujours insolemment indépendant.

La Berbèrie désorganisée était prête pour l’asservissement.



3- Période espagnole.

A suivre....

A propos des tribus arabes des Béni Hilal et des Béni Soléim

Il convient d’entrer dans quelques détails sur les tribus arabes qui vont faire invasion en Afrique et avoir une si grande influence sur l’histoire de la Berbérie (Lybie; Tunisie; Algérie & Maroc). Deux grandes tribus arabes, celles des Beni Hilal et des Beni-Soleïm appartenant à la famille des Moder, s’étaient établies vers l’époque de l’avènement des Abbassides dans les Hedjaz, touchant à la province du Nedjd. Durant de longues années, ils avaient parcouru en nomades ces solitudes, s’avançant parfois jusqu’aux limites de l’Irak et de la Syrie et descendant d’autres fois jusqu’aux environs de Médine. Leur état normal était le brigandage, complément de la vie nomade ; elles ne manquaient, du reste, aucune occasion de se lancer dans le désordre, prêtant leur appui à tous les agitateurs et rançonnant les caravanes, sans même respecter celle que le khalife de Bagdad envoyait chaque année porter ses présents à la Mecque. Les Karmates avaient trouvé, dans ces nomades, des adhérents dévoués qui s’étaient associés à toutes leurs dévastations et les avaient suivis en Syrie. Lorsque les armées Fatimides passèrent en Asie, pour combattre les derniers partisans des Ikhehidites, elles en triomphèrent facilement ; mais bientôt elles se trouvèrent en présence des Karmates, soutenus par les Hilaliens et Soleïmides et se virent arracher une à une toutes leurs conquêtes. Il fallut recommencer la campagne, et ce ne fut qu’au prix de luttes acharnées que les Fatimides parvinrent à vaincre leurs ennemis. Le khalife El Aziz, voulant prévenir de nouvelles insurrections de ce genre, se décida alors à transporter au loin les turbulents nomades qui lui avaient causé tant d’ennuis. Par son ordre, les tribus de Hilal et de Soleïm furent, vers la fin du Xe siècle, transportées en masse dans le Saïd, ou Haute Égypte, et cantonnées sur la rive droite du Nil. Mais si, par cette mesure, le danger résultant de leur présence en Arabie était écarté, leur concentration sur un espace restreint, au cœur de l’Égypte, ne tarda pas à devenir une cause d’embarras nouveaux. Habitués aux vastes solitudes de l’Arabie, n’ayant, du reste, aucune ressource pour subsister, ces Arabes firent du brigandage un état permanent, de sorte que le pays devint bientôt inhabitable, tandis qu’eux-mêmes souffraient de toutes les privations. Cette situation durait depuis plus de cinquante ans et le gouvernement égyptien avait, en vain, essayé d’y porter remède, lorsque, par suite des événements que nous allons retracer dans le chapitre suivant, le khalife fatimide trouva l’occasion de se débarrasser de ces hôtes incommodes en les lançant sur la Berbérie

Lorsque El-Moez Ibn Badis se décida à se soustraire à l’obéissance des Beni-’Obeïd, il travailla d’abord à les déconsidérer dans l’esprit des peuples, en semant de fâcheux bruits sur leur compte. Il chercha même à corrompre leurs serviteurs. Il écrivit à cet effet au visir d’El- Mestamer, khalife d’Égypte, pour l’engager à trahir son maître. Sa lettre se terminait par ces vers : « Cesse de t’attacher à des yeux sans consistance, et dont un homme comme toi devrait ignorer même le nom.» Après avoir lu cette lettre, le visir dit à un de ses amis : «N’est-il pas surprenant qu’un homme du Mor’reb, un Berbère, veuille tromper un Arabe de l’Irak’ ? » Lorsque El-Moez se fut mis en révolte ouverte et qu’il eut reçu l’investiture du khalife de Bagdad, le visir conseilla à El-Mestamer de faire marcher contre lui des tribus d’Arabes. Ce prince goûta ce conseil, et fit partir les Arabes du Saïd, à qui il distribua de l’argent et abandonna Barka. Les Arabes qui allèrent ainsi en Afrique étaient les Riah’, les Zagba, et une portion des Beni-Amer et des Senan. Arrivés en Afrique, ils y commirent toutes sortes d’excès et se gorgèrent de richesses. Lorsque leurs amis d’Égypte apprirent cela, ils voulurent aller les rejoindre et offrirent de l’argent à Mestamer pour qu’il le leur permît. Le prince accepta leurs offres. Il retira plus d’eux, en leur permettant de se rendre en Afrique, qu’il n’avait donné à leurs devanciers pour les y pousser.

Ces nouveaux venus eurent d’abord à combattre les Zenata des environs de Tripoli. El-Moez marcha contre eux avec une réunion de Senhadja et de Zenata. Les deux partis se trouvèrent en présence. Les Zenata firent défection et les Senhadja prirent la fuite. El-Moez, entouré d’un corps de nègres de près de vingt mille hommes, résista plus longtemps qu’on ne devait l’attendre d’un prince que la fortune abandonnait ; mais, à la fin, il fut contraint de battre en retraite sur Mans’oura. Les Arabes s’avancèrent jusqu’à K’aïrouân. Il y eut entre cette ville et Rekkâda un combat où ils furent encore vainqueurs. El-Moez voulut alors négocier; il fit ouvrir les portes de K’aïrouân et permit aux Arabes d’entrer dans cette ville et d’y acheter ce dont ils auraient besoin. Il espérait les rappeler, par cette concession, à des sentiments plus modérés et les déterminer à retourner dans leur pays; mais il n’en fut pas ainsi les Arabes pillèrent la ville, en dispersèrent les habitants, se rendirent maîtres de toute la contrée, qu’ils se partagèrent et qu’ils ruinèrent complètement. El-Moez, voyant qu’il ne pouvait résister à ce torrent dévastateur, se retira à Mehdia, dont son fils Temin était gouverneur. Celui-ci alla à sa rencontre et lui rendit tous les honneurs qu’il lui devait comme à son souverain et à son père. El-Moez lui remit la conduite des affaires, et mourut en 453, après un règne de quarante-neuf ans. Il fut très-généreux. On dit qu’il donna en un seul jour 100,000 dinars à un de ses amis. Mais son règne fut continuellement agité par la guerre, tous ses commandants de province s’étant successivement révoltés contre lui. Il n’y a que Dieu dont l’empire soit solide et durable. 

Remarque :  Cette invasion de la Berbèrie par les tribus arabes de l’Égypte est un fait très-remarquable de l’histoire de cette contrée; mais il en est un autre qui, quoique peu connu, ne l’est pas moins : c’est une émigration très-considérable qui eut lieu de la Berbèrie en Égypte vers la fin du XVIIe siècle. A cette époque, grand nombre de tribus de Tunis et de Tripoli se portèrent dans les régions arides de la rive gauche du Nil, et pendant plusieurs années elles ne vécurent que des déprédations qu’elles commettaient dans la vallée de ce fleuve ; mais elles finirent par s’établir sur des terres que leur céda le gouvernement, et les cultivèrent. Depuis cette époque, ces hommes de proie sont devenus de paisibles fellah’, plus pillés que pillards. On peut voir à ce sujet, dans l’ouvrage de la Commission d’Égypte, les Mémoires de MM. Jomard et Aimé Dubois.

Composition et fractions des tribus arabes Hilaliennes et Soleïmites

Les tribus arabes qui passèrent en Afrique se composaient de trois groupes principaux, à savoir : 

1° Tribus de 1a famille de Hilal-ben-Amer : Athbedj, Djochem, Riah, Zor’ba. 

2° Tribus formées d’éléments divers se rattachant aux Hilal : Makil, Adi. 

3° Tribu de Soleïm-ben-Mansour : 

4° Tribus d’origine indécise, mais alliées aux Soleïm : Troud, Nacera, Azzu, Korra. 

  

Telles furent les tribus qui immigrèrent en Berbérie au Xie siècle et achevèrent l’arabisation de cette contrée. Il est impossible d’évaluer, même approximativement, le chiffre des personnes qui composèrent cette immigration, mais, en tenant compte du peu d’espace sur lequel les Arabes venaient d’être cantonnés et des années de misère qu’ils avaient traversées en Égypte, après avoir subi les causes d’affaiblissement résultant de leurs longues guerres en Arabie et en Syrie, on est amené à réduire dans des proportions considérables le chiffre d’un million donné par certains auteurs. Dans la situation où se trouvait alors la Berbérie, un tel nombre aurait tout renversé devant lui, tandis que nous verrons les envahisseurs arrêtés au sud de la Tunisie et forcés de contourner le Tell, en se répandant dans les hauts plateaux; de la, ils saisiront toutes les occasions de pénétrer, pour ainsi dire subrepticement, dans les vallées du nord, et il ne leur faudra pas moins de trois siècles pour arriver à s’y établir en partie. Nous verrons, lors du premier combat sérieux livré aux envahisseurs, à Haïderane, l’effectif des tribus Riah, Zorba, Adi et Djochem réunies, formant au moins le tiers de l’immigration, ne monter qu’à trois mille combattants ; or il est de règle, pour trouver approximativement le chiffre d’une population arabe, de tripler le nombre des combattants qu’elle met en ligne. Nous savons que ce chiffre de trois mille a dû être réduit à dessein afin d’augmenter la gloire des vainqueurs, mais, qu’on le multiplie par cinq, si l’on veut, on n’arrivera qu’à 45,000 personnes pour la population réunie de ces tribus. Pour toutes ces raisons, il est impossible d’admettre que l’invasion arabe hilalienne ait dépassé le chiffre maximum de deux cent mille personnes. A leur arrivée en Berbérie, les Arabes trouvèrent des conditions d’existence bien supérieures à celles qu’ils venaient de traverser ; aussi leur nombre s’accrut-il rapidement, ce qui eut pour résultat de subdiviser les tribus mères en un grand nombre de fractions. Pour faciliter les recherches, nous donnons, dès à présent, le tableau des subdivisions qui se formèrent après un séjour plus ou moins long dans le pays.

 

(*) In : « Histoire De L’Afrique Septentrionale » (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu’à la conquête française (1830), Tome 2; page 8  par Ernest Mercier.

(*) In : « Berbères » par Ibn-Khaldoun. , tome I, II, & III.

 


 

 

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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 00:41

L’expérience du bain maure va vous laisser un souvenir inoubliable.

 

Une curiosité Bizertine que j'ai souhaité mettre en avant, car le décor du hammam Bensalha (du nom du propriétaire) que vous allez découvrir, est tout simplement magnifique.
C'est un témoignage vivant de l'art d'influence ottomane d'une part et d'autre part c'est un livre ouvert sur l'histoire de la Tunisie en générale et sur celle de Bizerte en particulier.
Ce Hammam est situé près de la BIASSA (anciennement rue de la Régence). Malheureusement, les données historiques et la documentation sérieuse concernant sa contruction me font défaut. Pour le moment et en attendant de récolter de plus amples détails, permettez-moi de vous narrer l'histoire du hammam en Tunisie.

Au dessus de la porte d'entrée du hammam, une belle plaque en marbre (à mettre en valeur) sur laquelle  il est gravé en Français HAMMAM DE LA REGENCE et en ARABE ( traduction de Mouna Kbair) : Hammam du pôle divin Cheikh Abdel Kader El Jilani. la date de sa construction est 1321 hégire, 1903 J.C.


Montage vidéo, une invitation à découvrir l'intérieur de ce joyau de décoration et d'architecture.



Détails de la plaque de marbre située au dessus de la porte d'entrée.








 



LE HAMMAM
: thermes romains adaptés aux soucis constants d’hygiène et de purification des Musulmans.

Si vous voyagez en Tunisie, il serait dommage de ne pas profiter des charmes du hammam. C’est là que se retrouvent, suivant les heures qui leur sont réservées, les femmes ou les hommes. On se lave, on se masse, on se détend et on bavarde.

Le hammam a joué et joue encore un rôle social extrêmement important, même s’il est en train de diminuer avec la modernisation des campagnes et la généralisation des salles de bain.  Toute ville, village ou quartier à son hammam ouvert à des heures différentes pour les hommes et pour les femmes, afin d’éviter la promiscuité entre les sexes (généralement, un panneau indique la répartition des heures). Seuls quelques riches hammams de Tunis ou grandes villes qui ont pu se permettre de doubler les installations afin de permettre un usage simultané.

 

Le hammam, lieu ou se rencontrer toutes les couches de la population, est bien loin de l’imaginaire exotique des bains turcs des tableaux d’Ingres ou d’autres orientalistes du 19ème siècle.  Il faut ajouter que la clientèle aisée ne fréquente plus guère les hammams, utilisés maintenant par les plus modestes : le lieu de brassage social s’est déplacé vers quelques cafés et vers les stades de football.


Le hammam fut aussi une occasion de permettre une vie sociale aux femmes condamnées jadis à rester au foyer et gérer son intérieur et qui trouvaient ainsi le moyen de passer une journée de liberté avec leurs consœurs. Les enfants de bas âges étaient admis au hammam. On pouvait y chanter, danser, pique-niquer et se livrer aux joies du bavardage entre femmes.

De même pour les hommes, le hammam fut un endroit idéal pour traiter des affaires et de parler politique tout en fumant et buvant du thé.

 

Un lieu pour la fête :

 

Toutes les fêtes familiales trouvent leur répercussion dans le hammam : les femmes s’y rendent le 40ème jour de leurs relevailles pour présenter l’enfant, s’y réunissent pour discuter entre elles et repérer les jeunes filles à marier.  La future épousée va louer le hammam la veille de ses noces pour y passer la soirée avec ses amies. Les garçons s’y rendent pour fêter la fin de leur célibat ou le retour du service militaire. Le hammam peut être également loué pour les amis et même rendu gratuit pour tous pendant une journée, suite à un vœu. Enfin chaque cérémonie religieuse exigeant la purification nécessite une visite au hammam : circoncision, présence à un enterrement  ou tout simplement avant les Aïd. Cette vocation religieuse des ablutions rituelles, a fait souvent construire le hammam à  proximité de la mosquée. Le hammam, payant, servait autrefois à subvenir aux frais de la mosquée.



Organisation fonctionnelle du hammam

 

Le hammam se compose d’une suite de salles :

Le vestibule, c’est là qu’on peut se détendre, discuter, boire du thé ou lire le journal après ou avant le bain.

La salle froide ou frigidarium, qui est tout simplement la salle qui n’est pas chauffée, et qui sert d’intermédiaire entre la salle de repos et l’étuve, le caldarium.

Dans les hammams modestes, la salle de repos et la salle froide ne font qu’un.

Un employé du hammam ou le patron lui-même, peut s’y trouver pour vous fournir ce dont vous avez besoin.


La configuration des lieux est partout à peu prêt la même : une salle d’accueil avec des nattes de repos, une pièce tiède dans laquelle opèrent les masseurs, une autre plus chaude où les gens se lavent et se massent les uns les autres. Parfois de petites cabines fermées (mathara) permettent la toilette intime ou le rasage à l’abri des regards indiscrets. D’autres, simplement des vasques le long des murs pour faire sa toilette. Ensuite on trouve la pièce la plus chaude dans laquelle les clients transpirent. On a aussi la possibilité d’avoir de grandes vasques dans lesquelles on peut se tremper dans des eaux chaudes (très chaudes souvent) si on ne craint pas les échanges de microbes qui pullulent dans ces bassins ! (j’ai vécu ce cas au hammam de Zaghouan).

Le caldarium :

L’étuve ou caldarium est, à proprement parler, le cœur du hammam. Elle est bâtie autour de la pierre du nombril, le symbole du centre : cette pierre est brulante, chauffée par-dessous. Dans la vapeur de l’étuve on peut distinguer sur les murs de la salle les vasques ou coule de l’eau chaude.  

Lorsque l’on entre dans le hammam, on se rend immédiatement dans une pièce chaude pour préparer son corps à aller dans la pièce la plus chaude (50° environ saturée à 100% d’humidité). Dans cette pièce la plus chauffée, les habitués qui restent assis se trempent les pieds dans des bassines d’eau chaude pour augmenter l’impression de chaleur. Les plus courageux font des mouvements de gymnastique. Cette pièce est très souvent richement décorée de céramiques aux motifs orientaux, le bruit de l’eau qui coule, les sons qui résonnent dans cette pièce vide, la chaleur : tout est réuni pour un retour au calme et un lâcher prise bénéfique.

 

Ensuite, on passe dans la pièce voisine pour le gommage corporel qui est pour beaucoup le moment fort de la séance. Soit entre amis, soit par un ou une professionnel(le) : le TAYEB pour les hommes et la HARZA pour les femmes : Vous êtes frictionné avec un gant de crin (kassa) ou des racines pour enlever les peaux mortes. Elles viennent facilement après la séance de chaleur et d’humidité. Suit le massage qui est à mi-chemin entre un kiné et une séance de reboutement (fragiles s’abstenir). Parfois les Tayebs massent avec les pieds, debout sur le client. Le Tayeb est aussi appelé le TALLAK en turc.

 

Après un grand nettoyage au savon noir si possible, on peut aller terminer sa toilette, se raser, passer le henné pour les femmes…

La séance se termine par un repos qui permet de retrouver une température normale avant de quitter les lieux. Dans de nombreux hammams, il vous est proposé un thé à la menthe chaud. En tout cas, bien penser à se réhydrater car une grande quantité d’eau peut être éliminée lors de la séance ce qui peut provoquer une baisse de tension et des vertiges.

 

En Europe, les hammams sont équipés de douches et généralement il y a un masseur ou une masseuse pour vous proposer un massage plus classique aux huiles essentielles, c’est absolument génial et il faut essayer une fois dans sa vie !

La tenue vestimentaire dans les hammams est très variable. On peut vous refuser l’entrée dans un hammam pour une tenue vestimentaire jugée pas correcte (un maillot de bain qui ne cache pas les formes). Il n’y a pas longtemps, une serviette (dite FOUTA) vous est automatiquement fournie à l’entrée. Désormais, pour des raisons d’hygiène, chaque convive prévoit dans son « SARR » (le sarr est une grande pièce de tissu, qui forme une sorte de baluchon dans lequel on place ses affaires sèches qui seront revêtues à la sortie du hammam. Aujourd’hui, le sarr a laissé la place à la valise et au sac de voyage).Il faut donc se renseigner avant d’y aller. Dans les hôtels équipés, les utilisateurs sont généralement en maillots de bain. En France, c’est variable suivant le type de hammam (traditionnel ou européen) et la clientèle qui le fréquente. Pensez en tout cas à prévoir, si ce n’est pas fourni, un grand drap de bain pour vous envelopper après la séance.

 

Deux expressions amusantes relatives au hammam :

 

ELLI CHÂH, YELBESS : l’employé ou le patron du hammam, demande à ceux qui ont profité du repos après le bain, qui se prélassent et tardent à laisser la place aux suivants.

 

DKHOULIK L’ILL HAMMAM SAHIL, AMMA KHROUJIK MINNOU S’ÎB: l’entrée est gratuite mais la sortie et payante.

 

Enfin, au moment du règlement, il faut annoncer : hammam seul, ou hammam et tayeb (en désignant le tayeb) ou mathara …

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28 août 2009 5 28 /08 /août /2009 08:49

Un magnifique ouvrage.


Située sur une place publique reliant plusieurs artères marchandes et donnant sur le vieux port, l'édifice est formé d'un encadrement en pierre taillée, coiffé d'un rebord de tuiles rondes de couleur verte et délimité, de part et d'autre, par deux colonnes en marbre surmontées de chapiteaux à feuilles lobées de style ottoman. Dans ce cadre est inscrit un rectangle en marbre, meublé par un arc en plein cintre outrepassé à claveaux noirs et blancs de type ablaq, répertorié en Tunisie depuis l'époque hafside. La base du rectangle est décorée d'un vase de fleur turquisant, gravé en marbre, d'où jaillissement deux rinceaux symétriques à fleurons stylisés et trilobés.

Je vous invite à visionner l'illustration vidéo:



L'intrados de cet arc, légèrement en saillie, est garni d'une inscription bilingue arabe et turque, composée de 13 lignes en écriture thoulouth, en relief. Elle comporte le poème suivant :


Dieu a choisi un seigneur dans notre temps / pour faire des bienfaits et délier les attaches des nécessiteux : / L'honneur du temps, le dey Youssef / qui voit, en dépensant les finances, son bénéfice de commerce. / Il a fait couler les eaux de tous côtés / en attendant comme récompense de s'abreuver au fleuve al-Kaoutari. / Le débit public est à lui, regardez sa beauté ! / Grâce à lui Bizerte est devenue agréable au contemplateur. / Bois, ô assoiffé, de cette source délicieuse / dont l'eau limpide est comme sucrée ! / Quelle belle fontaine dont la date se résume ainsi : / Nous a créé la fontaine le chef des soldats. (1041)

“Par les soins du maître Ali ibn Disim al-Andalousi, début de rabi II de l'an 1041 [1632 J.-C.].”

 


L'abreuvoir jadis en marbre a complètement disparu. Auparavant, il y avait, derrière la fontaine, une salle occupée par une noria qu'actionnait un chameau ou un mulet.

 

Le sabil a été édifié par Youssef Dey, dey de la régence de Tunis (1019-1046 H / 1610-1637 J.-C.). Il fut restauré au cours des années 1990 et quelques fenêtres donnant sur la façade furent obturées.

Mode de datation :


Le chronogramme du dernier vers du poème indique la date de la construction de la fontaine, 1041/1632.


Reférences :

 

Gafsi, A., Monuments andalous de Tunisie, Tunis, 1993, p. 38.

Oudi, R., “Les inscriptions des fontaines publiques de la ville de Bizerte”, Africa, n° 16, 1998, pp. 39-105.
Hannezo, G., Bizerte, Revue tunisienne, n° 49, 1905, p. 144
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21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 14:59

La maison de la culture de Bizerte.

Aujourd'hui un haut lieu de rencontres culturelles, la maison de la culture Cheikh Driss, sise en plein centre ville, était un haut lieu de rencontres cultuelles.

En effet, cet édifice était une église. L'église de Bizerte a été érigée entre 1900 et 1905 ( 5 années de construction) par la société Hersent et Couvreux.


Elle a subit une première métamorphose entre 1950 et 1956 suite aux dommages des bombardements de la deuxième guerre mondiale.
La paroisse de Bizerte s'est éteinte en 1965.

Je vous invite à visualiser la vidéo suivante :

 


Un nouvel espace, La muse.

 
Une initiative privée conduite par Mme RIHANI, a donné naissance à un nouvel espace culturel situé au dos de la maison de la culture. Cet espace est pourvu d'une gamme d'activités artistiques  et culturelles : une galerie pour les amateurs de toiles, projections de films pour les fans de ciné, initiation aux instruments de  musique, théâtre, espace buvette pour de chaleureux tours de tables, rencontres, discussions, un joli endroit pour la promotion culturelle Tunisienne et l'encouragement à la création artistique.




Les vitraux de l'église de Bizerte

L'abbé Aloïs STEINER, avant de quitter la paroisse de Bizerte pour une mission en Afrique centrale, a rédigé un mémoire sur les vitraux de la nouvelle église de 1956.
Il précise à ce sujet que les 93 vitraux servent de manuel d'histoire sainte; ils étalent devant les yeux des visiteurs un panorama de l'histoire du Salut. Le but de cette modeste étude n'est pas seulement de passer en revue les grands personnages de l'histoire religieuse du catholicisme, mais d'inviter le pratiquant ou le curieux à trouver sa place dans cette grande communauté d'âmes.

Voici le plan de ce développement :



Façade d'entrée : l'Ancien Testament.

- à gauche :  l'Ascendance spirituelle de J.C.
- à droite :     l'Ascendance charnelle de J.C.

Façade de l'autel : le Nouveau Testament avec, au centre, le Christe sous les traits du Saint-Suaire, la Sainte Vieerge, Saint Joseph, les Apôtres et les "amis" de Bethanie.

Façade sud : Une phalange de Saints d'Afrique, de Carthage, de l'Ouganda, de Constantine, des mercedaires, des ermites et papes africains.

Façades nord : Martyrs, papes fondateurs d'ordres, docteurs de l'église, empereurs, paysans, soldats, confesseurs, veuves- donc l'Universalité de l'Eglise.

Abbé Aloïs STEINER



 

 







































HISTOIRE D'UNE SAINTE BIZERTINE, SAINTE RESTITUTE
.

Le Père Emmanuel LABBE ( 1944) rapporte cette histoire :

"Restitute" est une viérge née à Bizerte*. Dénoncée comme chrétienne, elle est traînée devant un préfet impi romain Proculus. Il tâche de l'ébranler, tantôt par des menaces, tantôt par des caresses. Elle prend alors une résolution énérgique : elle mourra plutôt que de perdre sa virginité ou de trahir sa foi. Alors le magistrat, plein de rage, ordonne de la torturer sur un chevalet, de la suspendre par les cheveux, de lui fixer les pieds avec un clou énorme. Mais il ne peut vaincre le courage héroïque de "Restitute". Il condamne alors la future sainte à périr dans un incendie préparé en mer. On la garotte, on la fait monter dans une frêle embarcation remplie de sarments de vigne, on met le feu à la nacelle et on l'envoie à 15 stades* du rivage.
Par la volonté de Dieu, la bienheureuse reste indemne mais les flammes poussées par le vent, dévorent ceux qui avaient allumé l'incendie et leur barque toute proche, chavira aussitôt.

A ce spectacle, "Restitute" sent encore augmenter l'ardeur de son amour pour Dieu. Puis, les yeux levés vers le ciel, elle rend son âme au Seigneur tout en priant.

Alors la barque qui l'a transportéE morte, parvint sans voile ni rames à l'île d'Ischia près de Naples et accosta sans dommage.

Dans cette île vivait une pieuse femme du nom de "LUCINA", avertie en songe par un ange. Il lui dit :"lève-toi et va déposer dans un beau sépulcre, le corps calciné mais inviolé de la vierge, dans un lieu appelé "les Rives".

"Lucina" rendant grâce à Dieu, comme il se devait, mit tout en oeuvre en obeissance aux ordres du ciel. Profondément touché par ces événements, l'empereur " Constantin le Grand"  ordonna plus tard de transférer les précieuses reliques dans une basilique qu'il avait faite édifier à Naples. Le souvenir de Sainte "Restitute" est resté célèbre à Carthage où elle subi le martyre. Une grande basilique lui fut dédiée dans cette ville et porta son nom.

L'île d'Ischia se glorifie aussi de posséder des reliques de Sainte "Restitute".

Enfin, à Bizerte son lieu de naissance, à l'institution Sainte Marie, on y trouve la statue de Sainte "Restitute" , fêtée et honorée le 17 mai.

L'abbé Pierre Messina créa, en 1947, la chorale Bizertine Sainte Restitute.

Fin de l'histoire.

* D'autres documents mentionnent que Sainte Restitute est née à Tiniza ( Thinissa) aujourd'hui Ras el J'bel.
* Un stade est une unité de mesure ancienne dérivant de stadium  = 600 pieds = entre 147 et 192 m
il était [à peu près] établi que Hercule avait mesuré de ses pieds la piste du stade qui est à Pise près (du temple) de Jupiter Olympien,et (qu’) il (lui) avait donné une longueur de six cents pieds

Dernières Minutes

Un petit texte de la part Madame Christine P. H. :

      "Bonjour Monsieur,

 

"Un grand merci à vous Monsieur pour la qualité de votre site, et plus particulièrement pour les articles, photos et vidéos qui concernent "La maison de la culture de Bizerte ou la métamorphose d'un édifice", autrefois Eglise de Bizerte, qui rendent un hommage discret à deux membres de ma famille, François Messina, Architecte et le Père Pierre Messina ". 

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